La vision prophétique qu’eut Ésaïe de l’avenir d’Israël fut écrite sous les règnes de quatre rois dans un intervalle de 60 années. Le prophète écrivit une révélation détaillée du péché, du jugement, de l’exil et de la restauration d’Israël et parla abondamment du Messie d’Israël, du salut et des bénédictions du Royaume.
Ésaïe exprima l’amour de Dieu pour Israël par une parabole lyrique, comparant la nation à un vignoble aimé que Dieu planta et qu’il plaça sur une colline fertile. Le jardin fut entretenu, débarrassé de ses pierres, et planté des meilleurs pieds de vigne. Dans le vignoble il y avait un pressoir pour écraser les raisins, et une tour de garde pour le protéger. Dieu s’attendait à ce qu’Israël produise de bons raisins, symbole de piété. Hélas, la vigne produisit de mauvais fruits, symbole de son idolâtrie, de son injustice sociale et politique, et de son immoralité flagrante (Ésaïe 5.1-7).
Dieu dialogua avec Israël et l’invita à se repentir de sa méchanceté et à revenir à Lui en se conduisant selon la justice, ce qui lui vaudrait d’être récompensé par la prospérité agricole et la sécurité nationale. Israël rejeta la requête de Dieu, si bien que l’Éternel châtia la nation et l’envoya en exil (1.11-20 ; cf. Lévitique 26 ; Deutéronome 28.15-68). Mais tout au long du jugement divin et de l’exil, la nation resta le serviteur élu de Dieu (Ésaïe 41.8-9, 43.20-21).
Le livre d’Ésaïe exprime l’amour profond de Dieu pour Israël en se servant de métaphores parlantes. Il décrit Dieu sous les traits de l’époux d’Israël (54.5-8) et son berger (40.11) ; Dieu témoigne envers Israël la même compassion qu’une mère pour son enfant (49.15) ; Il a gravé son nom sur la paume de ses mains (v. 16) ; Il fait preuve de miséricorde à l’égard de la nation, en procurant finalement le salut à un reste (63.9).
Le reste qui survit au jugement devient la semence pour la restauration future de la nation (6.12-13). Le rétablissement d’Israël et son retour de l’exil babylonien constituent le portrait de sa rédemption et de sa restauration finales sur la Terre promise lors de la seconde venue du Messie.
Cette restauration est détaillée dans les chapitres 40 à 66, qui se divisent en trois sections de huit chapitres chacune (40-48, 49-57, 58-66). Deux sections se terminent par la déclaration: «Il n’y a point de paix pour les méchants» (48.22, 57.21) ; et la dernière section décrit le sort des méchants (66.24). Dans ces chapitres, Dieu prédit la repentance et la rédemption d’Israël ainsi que le renouvellement de sa relation d’alliance à travers le Messie.
Le Messie d’Israël
La relation d’Israël avec son Messie est au centre de la vision prophétique quant à l’avenir de la nation. Dans de nombreux passages, Ésaïe identifie le Messie au serviteur de Yahvé (chapitres 42, 49). Le Nouveau Testament confirme clairement que Jésus-Christ a accompli les prophéties d’Ésaïe.
Ésaïe a également révélé que le Messie est un Dieu-Homme (9.6). Il naît d’une vierge (7.14), il descend d’Isaï et du roi David (11.1, 10) ; il est le Serviteur souffrant qui donne sa vie pour procurer la rédemption à la fois aux Juifs et aux non-Juifs (53.1-12) par le sang de la nouvelle alliance (49.7-8).
Le chapitre 54 présente Israël comme l’épouse stérile et délaissée de Yahvé, mais elle finit par rentrer à nouveau dans la relation d’alliance avec Lui. Le prophète lance un appel urgent à Israël et invite la nation à renouveler son alliance avec l’Éternel, comme l’avait fait David. Si Israël cherche l’Éternel, il Le trouvera (55.6-13). Lors de ses deux venues, le Messie exerce un ministère que le Saint-Esprit remplit et dirige (42.1, 61.1-2 ; cf. Luc 4.18).
À la fin de la Grande Tribulation, un reste du peuple juif criera vers Dieu en se repentant et en le suppliant de l’épargner de l’anéantissement (Ésaïe 64.1-12). Le Messie l’exaucera et viendra comme Roi conquérant au jour de la vengeance pour juger la ville de Botsra en Édom – une nation qu’il méprise grandement pour sa persécution des Juifs (cf. Abdias). Puis il sauvera le reste d’Israël, écrasant ses ennemis comme on foule le raisin dans le pressoir. Ses vêtements sont rouges parce qu’ils sont éclaboussés du sang d’Édom, où le peuple d’Israël se cachera de la colère de l’Antichrist pendant la Grande Tribulation (Ésaïe 63.1-6 ; cf. Apocalypse 19.13, 15).
Israël dans le millénium
Israël sera délivré de ses ennemis lors de la seconde venue du Messie, après quoi sera instauré un âge d’or de paix, de prospérité et d’abondance. C’est ce qu’on appelle le millénium en termes théologiques. Le mot millénium signifie « mille ans ». Il désigne le règne de mille ans du Messie Jésus en Israël.
Ésaïe révéla qu’Israël sera rassemblé et rétabli dans le pays après le retour du Messie. Jérusalem sera reconstruite et connaîtra une gloire qui surpassera tout ce qu’elle a connu dans sa longue histoire (Ésaïe 2.2, 11.11). Autrefois appelée « délaissée » et « terre de désolation », elle sera renommée Hephziba (« Mon plaisir en elle ») et « Beulah » (« Épouse »). Dieu a promis par serment de relever Jérusalem et de placer une sentinelle dans la ville comme un rappel constant de sa promesse. Une route large sera préparée pour faciliter le retour d’Israël pendant le millénium (62.4-7, 10).
Israël sera transformé sous huit rapports:
(1) La paix sortira d’Israël vers le monde entier (2.4, 26.12, 66.12).
(2) La justice personnelle et politique découlera du règne juste du Messie (11.3-5).
(3) Des changements psychologiques se produiront en Israël, car les larmes seront abolies et remplacées par des cris de joie (30.19, 65.18-19).
(4) Des modifications physiques seront abondantes, avec le prolongement de la vie (65.20), l’abolition de la maladie (33.24), la disparition de la mort infantile (65.23) et l’entrée dans le millénium de gens guéris physiquement (35.5-6).
(5) Israël n’aura plus besoin de se protéger contre l’invasion de nations non-juives (65.21-22).
(6) La productivité en Israël sera sans précédent (versets 21-22) et le désert deviendra fertile (35.1-2).
(7) Les prières seront exaucées avant qu’elles soient formulées ou pendant que la personne parle (65.24).
(8) La situation désespérée de la création sera inversée avec la suppression de la malédiction, et tous les animaux vivront en paix (11.6-9, 65.25).
Dans le millénium, la paix s’établira au Moyen-Orient. Les hostilités entre Israël, l’Assyrie et l’Égypte feront place à l’amitié grâce à leur foi commune dans le Messie (19.18-25). D’ailleurs une autoroute internationale reliera l’Égypte à l’Assyrie en passant par Israël (v. 23). Le mot « route » dans le texte biblique désigne une voie de communication large et spacieuse, visible pour tous. Elle donnera un accès illimité de l’Égypte à l’Assyrie.
En ce jour, l’Égypte se sera convertie (v. 20) et parlera l’hébreu, la langue de « Canaan » (v. 18). Le Messie sera le Sauveur de l’Égypte; il y aura un « autel » pour le culte rendu à l’Éternel et un « monument » pour témoigner que l’Éternel a accepté les Égyptiens (v. 19). En Égypte, on présentera des sacrifices et des offrandes, et on fera des vœux à l’Éternel ; on adorera Dieu dans le Temple du millénium à Jérusalem (v. 21 ; Zacharie 14.16-19).
En ce jour, Israël, l’Égypte et l’Assyrie formeront le peuple élu de Dieu: Bénis soient l’Égypte, mon peuple, et l’Assyrie, œuvre de mes mains, et Israël, mon héritage! (Ésaïe 19.25)
Le ministère d’Israël
Dans le millénium, les habitants d’Israël seront des sacrificateurs de l’Éternel et des serviteurs de Dieu. L’aptitude d’Israël au sacerdoce sera reconnue dans le monde entier ; les sacrificateurs et les habitants d’Israël mangeront les richesses des nations (60.1-22, 61.6; cf. Zacharie 8.23). En d’autres termes, les nations non-juives serviront Israël et apporteront leurs richesses pour son développement, car Yahvé aura sanctifié Israël et placé son sanctuaire à Jérusalem. Quel grand jour de réjouissances ce sera pour Israël et pour le monde entier!