Y a-t-il quelque chose qui soit trop difficile pour l’Éternel ?

In Blogs, Ressources en français by Steve HerzigLeave a Comment

image_pdfimage_print

L’incarnation de Jésus-Christ, et à la base de celle-ci sa naissance virginale, devrait être au cœur de la période de Noël. Qu’une femme ait conçu un bébé venant de Dieu et que Dieu soit devenu chair sont deux vérités que les chrétiens qui croient en la Bible n’accepteront jamais de voir remises en cause.

Cependant, le judaïsme rabbinique rejette ces deux doctrines. Carolyn Glick, du Jerusalem Post, a clairement énoncé la position juive en écrivant : « Dieu est ineffable et par conséquent sans forme ». Le judaïsme considère la doctrine de l’incarnation comme équivalente au paganisme. Et la seule pensée d’une vierge donnant naissance à un Dieu-bébé est, pour la plupart des gens, tout simplement absurde.

Ayant grandi dans un foyer juif, ma compréhension du christianisme était, il faut le reconnaître, limitée. Ma conception de Noël était simple : de bons moments à passer ensemble en famille. Quant à mon opinion sur la naissance virginale, elle était tout aussi simple : Marie et Joseph s’étaient mis dans le pétrin et ils avaient besoin d’un alibi. Je considérais qu’il s’agissait d’une tentative faite pour étouffer l’affaire et m’étonnais que l’on puisse croire à l’incarnation. Je n’avais jamais entendu parler d’une vierge ayant donné naissance à un enfant, pas plus que je n’avais parlé avec quelqu’un qui croyait une telle chose. Cela me paraissait illogique et impossible.

Et pourtant, les pages de ma Bible juive contenaient de nombreuses choses qui étaient illogiques et apparemment impossibles. En voici quelques unes seulement :

-Moïse avait parlé à un buisson en feu qui ne se consumait pas ;

-Moïse avait frappé un rocher et de l’eau en était sortie ;

-Samson était un homme doté d’une force surhumaine en raison de sa chevelure qui n’avait jamais été coupée ;

-La femme de Lot s’était transformée en une statue de sel parce qu’elle s’était retournée pour regarder la destruction de Sodome.

Bien que de nombreux Juifs rejettent la possibilité que des miracles aient lieu, il est contraire au texte que de ne pas croire à ces derniers. De tous les miracles décrits dans la Torah, l’un en particulier affecte profondément les Juifs où qu’ils soient : la naissance d’Isaac.

En Genèse 18.10-14, Dieu promit que, dans l’année qui suivrait, Abraham (99 ans) aurait un enfant avec sa femme Sarah (89 ans). La réaction de Sarah à cette déclaration montre ce qu’elle en a pensé : Sarah rit (v.12). Les couples de leur âge ne concevaient plus d’enfants. Cependant, l’année suivante, comme cela avait été annoncé, le bébé « Rire » (sens du mot Isaac) était né.

Le judaïsme enseigne qu’une naissance extraordinaire a donné lieu à un peuple extraordinaire : le peuple juif. Comment une telle chose a-t-elle pu se produire ? La réponse réside dans les versets 13 et 14: L’Eternel dit à Abraham : Pourquoi donc Sara a-t-elle ri, en disant : “Est-ce que vraiment j’aurais un enfant, moi qui suis vieille ?” Y a-t-il rien qui soit étonnant de la part de l’Eternel ?

Y a-t-il rien qui soit étonnant de la part de l’Eternel ? Voilà précisément la juste question qu’il fallait se poser face à une prédiction aussi risible. C’est également la question qu’il convient précisément de poser aujourd’hui.

Le texte juif

Si le judaïsme accepte la conception miraculeuse d’Isaac, ne devrait-il pas tenir pour vrai un autre événement extraordinaire, en particulier un événement prophétisé dans les pages de son propre texte sacré ? Les Écritures juives font-elles mention d’une vierge qui concevrait et enfanterait ? Le prophète Ésaïe avait rédigé un tel passage sept siècles avant la naissance de Jésus : C’est pourquoi le Seigneur Lui-même vous donnera un signe ; voici, la vierge deviendra enceinte, elle enfantera un Fils, et elle lui donnera le nom d’Emmanuel (Ésaïe 7.14). Ce passage est l’un de ceux qui jettent les fondations du Nouveau Testament. Les auteurs des Évangiles ont cru que Dieu avait accompli les paroles du prophète lorsque Marie (en hébreu Miriam) a donné naissance à Jésus. La plupart des exégètes juifs rejettent un tel enseignement et insistent sur le fait que la naissance de Jésus n’a pas cette signification. Il existe trois principaux points de contestation :

1. La traduction du terme hébreu almah.

2. L’identité de la personne ou du groupe à laquelle/auquel est donné le signe.

3. La signification du nom Emmanuel.

Esaïe a choisi le mot almah, « jeune fille », pour décrire la femme. Le terme ne souligne pas vraiment son statut sexuel mais plutôt son âge. Dans chacun des six autres passages dans lesquels ce mot est employé, la personne désignée par almah n’était pas mariée, ce qui laisse entendre qu’elle était vierge.

Deux cents ans avant la rédaction du Nouveau Testament, les traducteurs juifs de la Septante (traduction grecque de l’Ancien Testament) ont choisi le mot grec parthenos (« vierge ») pour traduire almah.

Rashi, sans doute le plus célèbre des rabbins médiévaux, prétendit que la personne désignée par almah était une vierge. Toutefois, les exégètes juifs modernes insistent sur le fait que si Ésaïe avait voulu parler d’une vierge, il aurait employé le mot plus précis qu’est betulah. Cependant, Michael L. Brown a écrit : « Sur les cinquante occurrences du mot betulah dans le Tanakh, la NJPS (Nouvelle Société d’Édition Juive) le traduit par “jeune femme” plutôt que par “vierge” trente-et-une fois ! »1

Selon Alan A. Macrae, « Il n’existe pas d’exemple dans lequel on puisse prouver que alma [almah] désigne une jeune femme qui ne soit pas vierge ».2 L’emploi de l’article défini ha-almah indique qu’il s’agit d’une jeune femme spécifique. Il est possible que ce mot se réfère à la semence de la femme dans Genèse 3.15, où Dieu dit à Satan : Et je mettrai inimitié entre toi et la femme, et entre ta semence et sa semence. Elle te brisera la tête, et toi tu lui briseras le talon [trad. Darby]. Nul doute que cette semence allait être un enfant spécial, ce qui soulève la question : y a-t-il quelque chose qui soit trop difficile pour l’Éternel ?

Un signe pour qui ?

Le roi Achaz refusa l’offre qui lui était faite d’un signe lorsque le prophète Esaïe alla le rencontrer. Cependant, le Seigneur Lui-même lui en donna un ainsi qu’à toute la maison d’Israël. L’érudit biblique Victor Buksbazen l’a bien expliqué :

L’incrédule et l’idolâtre Achaz a été contraint de comprendre le signe qui lui était donné au travers d’Ésaïe dans son sens le plus courant et le plus littéral, à savoir qu’il lui était donné l’assurance qu’il n’aurait pas besoin de craindre les deux ennemis mortels qui menaçaient son règne et l’avenir de sa dynastie.3

Achaz n’était pas intéressé, peu importe ce qu’Ésaïe disait. Alors le prophète poursuivit la description de cet Enfant, mentionnant Sa divinité et Sa Royauté (Ésaïe 9.6, 11.1-5), afin d’assurer aux Israélites qu’ils seraient préservés, quel que soit l’ennemi.

Le nom « Emmanuel » décrit l’Enfant comme « Dieu avec nous ». Non seulement cet Enfant allait-il être Dieu avec nous mais encore « Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix » (9.6). Ces noms écartent toute possibilité que l’Enfant soit le fils du roi Ézéchias ou celui d’Ésaïe. L’identité de cet homme était inconnue du prophète. Ésaïe parla du Messie à venir sans savoir qu’Il serait finalement une Présence miraculeuse.

Quiconque considère comme ridicule de croire à la naissance d’un enfant d’une femme vierge, comme cela était mon cas il y a de nombreuses années, admet inconsciemment ignorer l’existence miraculeuse du peuple juif. Que ce soit un couple de personnes âgées ou une femme vierge qui conçoive un enfant miraculeux, la question reste la même : quelque chose peut-il être trop difficile pour l’Éternel ? La réponse est non, bien évidemment.

N O T E S

1.  Michael L. Brown, Answering Jewish Objections to Jesus, (Grand Rapids : Baker Books, 2003), 3:21.

2.  Alan A. Macrae, « alma », Theological Wordbook of the Old Testament, sous la dir. de R. Laird Harris, Gleason L. Archer, Jr. et Bruce K. Waltke (Chicago : Moody Press, 1981), 2:672.

3.  Victor Buksbazen, The Prophet Isaiah (1971 ; réimpression, Bellmawr, New Jersey : The Friends of Israel, 2008), 152.

Leave a Reply

Your email address will not be published.